mercredi 26 novembre 2008

Désolation























Lu dans le Pharisien :

Dimanche après-midi, une employée du McDonald's d'Epinal, dans les Vosges, fait un malaise. Le médecin qui l'examine s'aperçoit que la jeune femme âgée de 28 ans a accouché récemment.  Mais la jeune femme nie cette grossesse.
Conduite à l'hôpital, elle est rapidement placée en garde à vue. Les policiers d'Epinal ont été avertis par les secours.   Dimanche, en fin de soirée, la jeune femme passe aux aveux.   Elle précise aux policiers qu'elle a accouché la veille, dans les locaux du fast-food, et qu'elle s'est débarrassée du nouveau-né en le jetant dans une poubelle du McDonald's.  Les policiers se rendent sur place, et découvrent le bébé mort dans une poubelle de la salle des vestiaires.
L'autopsie du nouveau-né devra déterminer s'il était né viable ou non.  

Commenter pareille abomination serait indécent.
Je voudrais seulement relater une discussion avec un ami, qui est membre du Parti Ouvrier Indépendant.

—  Quelle régression sociale ! La situation des classes laborieuses en France en ce début du XXI ème siècle rappelle, dans sa condition réelle, celles des prolétaires du XIX, avec ses malheureuses en haillons qui accouchaient seules dans des chambres sans feu...

—  Sans doute. Mais la pauvrette de jadis, sous le règne de l'hypocrite bourgeoisie moraliste, accouchant seule, parfois dehors, dans la neige, allait déposer l'enfançon,  angelot recouvert de vieux chiffons troués pour langes, à la porte d'un hospice, d'un couvent de bonnes sœurs. 
"Fille mère" était alors considéré comme un état infamant, elle redoutait la honte, donc une plus noire misère encore.    Au lieu que la personne dont on parle, qui aurait pu bénéficier d'allocs, d'aides, est le produit de l'égoïsme féministe et de la décomposition morale.

— Quoi ? Toi aussi, à l'instar de la bourgeoisie cléricale tu jettes l'opprobre sur la classe opprimée ?

—  Pas du tout mon vieux !  Et tu mérites bien cet adjectif parce que  tu ne vois rien de l'inédit, de singularité de ton temps. Tu te prépares encore des lendemains qui vont déchanter...

Retour en mes pénates, je m'empressais de relire céans  La situation de la classe laborieuse en Angleterre de Friedrich Engels :

Dans le quartier le plus brillant de la plus riche ville du monde, nuit après nuit, hiver après hiver, il y a des femmes - jeunes par l'âge, vieilles par les péchés et les souffrances, bannies de la société, croupissant dans la faim, la malpro­preté et la maladie. Qu'ils pensent et apprennent, non pas à bâtir des théories, mais à agir..."
"Elle habitait au n° 2, Pools' Place, Quaker Street, à Spitalfields, dans la plus grande misère. Lorsque l'agent de police arriva chez elle, il la trouva avec six de ses enfants, littéralement entassés dans une petite chambre sur le derrière de la maison, sans autre meuble que deux vieilles chaises d'osier défoncées, une petite table dont deux pieds étaient cassés, une tasse brisée, et un petit plat... Dans l'âtre, tout juste une étincelle de feu, et dans le coin autant de vieux chiffons qu'une femme peut en prendre dans son tablier mais qui servaient de lit à toute la famille. Ils n'avaient pas d'autres couvertures que leurs pauvres vêtements. La pauvre femme raconta qu'elle avait dû vendre son lit l'année précédente, pour se procurer de la nourriture; ses draps, elle les avait laissés en gage chez l'épicier pour quelques vivres, et elle avait dû tout vendre, pour simplement acheter du pain. "
Je n'ai jamais vu une classe si profondément immorale, si incurablement pourrie et intérieurement rongée d'égoïsme, si incapable du moindre progrès que la bourgeoisie anglaise, et j'entends par là surtout la bourgeoisie proprement dite, singulièrement la bourgeoisie libérale, qui veut abroger les lois sur les grains. Pour elle il n'existe rien au monde qui ne soit là pour l'argent, sans l'excepter elle-même, car elle ne vit que pour gagner de l'argent et pour rien d'autre...

Oui, vois tu, me dis je, in petto, mon ami, ces magnifiques qualités de la bourgeoisie, sont véritablement passées désormais dans une fraction du peuple. Remplace bourgeoisie, par certaines femmes contemporaines, et argent, par son petit plaisir,  dans le texte d'Engels et, tu as, parfaitement explicitées,  les mœurs  de ta serveuse de Mac Do.


2 commentaires:

Anonyme a dit…

Quel talent ,quelle plume l'abbé!

L'abbé Tymon de Quimonte a dit…

loué sois tu, qui que tu sois, Anonymus..car tu m'as remonté le moral ce jour; et j'en avais bien besoin...