§- Nous autres, les pauvres en esprit et les zumbles de cœur, les zobscurs, les plantigrades, nous sommes des primates, on nous l’a assez dit. (C’est pourquoi nous serons un jour les premiers : primates = Primas atis, celui qui occupe la première place )
En attendant, nous préférons appuyer nos trop longs membres fourbus aux piliers immémoriaux du temple de la sagesse, notre pauvre petit entendement rabougri s’exhaussant aux préceptes rebattus de la vox populi.
Qui, nul n’en ignore, est aussi la Vox Dei
Mais, demande le poète :
Le peuple est juge récusable ;
En quel sens est donc véritable
Ce que j'ai lu dans certain lieu,
Que sa voix est la voix de Dieu ?
- En ce seul sens, monsieur de La Fontaine, que la voix de Dieu quand elle parle le simple et beau langage du peuple, est assez peu entendue, et personne ne se gêne pour lui dire : "la Ferme primate, espèce d’ongulé !"
- Ongulé vous même, glauque cloaque à Sodome ! Car, nous autres primaires, nous préférerons toujours donner notre voix directement au Bon Dieu qu’à ses saints.
Ses saints fussent-ils avec seins.
Disons le tout net : Tant qu’à déchoir, l’an prochain autant voter directement pour la grande Déesse-Caca plutôt qu'une sous-déesse, fut elle fille de Neptune.
Poisson d'Avril !
§- Bien sur, poisson d'avril ! Mais notre déception, elle, n'est pas feinte : sur une radio communautaire de la communauté qui n'existe pas, Mademoiselle LePen a fortement désapprouvé la « tendance à se coaliser avec tous les réprouvés de la planète » de certains hurluberlus dans ses rangs.
« Je ne fonctionne pas comme cela ! » a-t-elle protesté. Elle ne mange pas de ce pain noir là, elle est une vraie femme de droite, qui préfère fonctionner en se coagulant avec les privilégiés. Elle renoue ainsi avec la très grande tradition du parti des bien-pensants : agglutination des gavés, des nantis, des richards. C’est très franc.
En face, à gauche, va se dresser puissamment la consœurie des richards, des nantis, des gavés, et des enculés mondains.
On voit qu’on aura le choâ.
§- Nous autres, les damnés de la Terre, nous n’avons même plus droit à ça : un parti pour nous, un parti à nous. La cause du peuple, plus personne ne la défend.
Et c’est tant mieux : tout est perdu.
Pour en revenir à l’interviouve de la fille de Monsieur LePen, ce qui la gêne c’est que dans « certains quartiers il ne fait pas bon être Juif, Femme, Homosexuel ! » Elle ajoutait, pour faire bonne mesure, « et même blanc, et même tout simplement français. » Ô merci du peu, madame la présidente !
Or donc, si nous entendons bien, notre monde c’est un monde dans lequel les Juifs, les Fâmes et les Sodomites rasent les murs. À partir de là, on en conviendra, on peut tirer l'échelle.
§- On ne pourrait même plus aller voir mademoiselle LePen, si tant est que l’on pût s’approcher de son altesse, et lui dire humblement, le béret à la main : « navré de vous contredire vot’ seigneurie, mais voyez vous, les Fâmes, les Djuivants, les Bougres, ben les seuls quartiers dans lesquels y rasent les murs ce sont les quartiers réservés du cinématographe. J’disions pas les quartiers réels, huppés, habités par les gens qui s'engraissent par le cinématographe, mais les quartiers en carton-pâte dans leurs films d'Hollivoude, et que vous ne devriez pas Mamzelle, sauf vot' respect, prendre pour la réalité. »
« Il nʼest pire dérèglement de lʼesprit de voir les choses non telles quʼelles sont mais telles quʼon voudrait quʼelles soient » dit Bossuet.
Pour discuter, pour simplement causer, se contredire, il faut une base commensurable.
Mais pour celui qui puise sa science dans la vie réelle par rapport à celles dont la conscience vit dans un film de Roger Hanin, il est inutile de s’enquiquiner à réfuter.
C’est toujours autant de force économisées, pour l'économie libidinale.
§- Ainsi, disais-je, par dérision (on l'aura compris), les simples, soucieux d’adresser leurs suppliques directement au Bon Dieu plutôt qu’à ses assesseurs saints, parmi ceux qui iront malgré tout veauter, qu’ils aillent donc roter pour le taulier du FMI !
Parce que, quel que soit le bout par lequel on le lise : Elu par cette crapule*, il le sera nécessairement.
Inéluctablement.
Que croit elle, Mademoiselle LePen, qu’elle va obtenir l’Approbatur, le Nihil obstat de l’Oligarchie, à sa place ?
Qu’en se rendant plus "présentable" elle va rentrer dans leur plan ?
D’abord, il importe de demander : présentable aux yeux de qui ?
De la masse qui souffre et va cherchant une issue ? Ou de la superfine couche de canailles qui fait la pluie de plomb et le beau temps durci ?
Ici encore nous trouvons flagrance d’hyper-légalisme aigue. Ça n’est pas parce que les flots de l’indignation humaine, spontanée, devant leur affreuse barbarie tribale ne filtre dans aucun de leurs médiats, qu’elle n’existe pas. Au contraire dans les tréfonds du peuple elle déborde largement.
Décidément cette candidate people n’est pas du peuple. Elle ne le connait pas.
Nous non plus, Mademoiselle, on ne vous connait plus.
Allez vous faire élire par vos zélus, si vous le pouvez.
Nous, on ne peut plus, on ira pas veauter, une fois de plus.
§- Cependant que ce dernier dimanche cantonal, la foule esclave traînait des pieds pour aller faire où on lui disait de faire, aux urnoirs, l’an prochain, affirme-t-on, elle s’y rendra en masse bien plus compacte afin de se choisir un nouveau Maitre pour cinq ans.
On ne parle plus que de ça.
« Décider périodiquement, pour un certain nombre d'années, quel membre de la classe dirigeante foulera aux pieds, écrasera le peuple au Parlement, telle est l'essence véritable du parlementarisme bourgeois. » écrivait Vladimir Oulianov. (En voila un autre, desquels nous entendons tant et tant médire par ceux-là même qui se vautrent avec délice dans l’auge parlementaire... pas étonnant.)
§- Dans un hypothétique duel Marine LePen vs Strauss-Kahn, tous les autres partis, tous sans exception, avec toutes les radios, journaux et télé, en tiendront pour ce dernier : qui peut croire que la majorité des hommes, ces femmes, trouveront la virilité intérieure de résister à l’appel des sirènes ?
C’est croâre qu’une véritable conversion, une métanoïa, se produira d‘ici 2012. Hélas, pour la multitude vile, l’existence détermine la conscience, pas le contraire.
§- Le seul moyen de triompher du piège mortel qu’on nous prépare, serait une authentique candidature de rupture, et non de léchage consciencieux de consistoire.
L’abstention extraordinaire, à chaque élection, porte en creux l’exigence d’un changement révolutionnaire.
Commencer par décevoir cette espérance, pour flatter les petit-bourgeois atteints à des degrés divers, du crétinisme parlementaire, c’est l’erreur politique classique.
D’autant que ce léchage n’est nullement purement verbal, si j’en juge.
§- De très concrets lèchements tarifiés sont aussi à la mode de Caen du FN. De Dunkerque plus exactement : là, la charmante candidate du Fion National est une « Escort-girl » (sic), féministe, et partisanE du saint-métissage.
Qui a déclaré, en guise de programme : « détester les araignées, les mensonges et le racisme. »
Nous aussi.
Parce que englués dans les fils de la toile électorale, l’ombre gigantesque de l’araignée mondialiste et raciste, plane au dessus de nos têtes farcies de mensonges.
Le plus implacable fondé de pouvoir du Capital financier sera le candidat socialiste.
La cheftaine de l’extrême droite bien-pensante, féministe et sioniste, représentera les petits, les sans grades.
Qu'est ce que ce monde ? Un 1er Avril permanent ?
Et qu'en sera-t-il de nous ?
Félix Niesche
* un palindrome, qui se lit dans les 2 sens.