mardi 16 septembre 2008

Marine à Evian

Veuillez lire ici: http://www.nationspresse.info/?p=7639, le discours de Marine Le Pen à l'Université d'été du Front National, Évian, le 14 septembre 2008 .

Pour les camarades d'E&R: "la pensée soralienne gagne du terrain au FN. Le discours de Marine Le Pen ..... est à cet égard sans équivoque, il est impossible de ne pas y reconnaître la patte de notre sociologue préféré.
Il a pourtant été écrit par Marine le Pen en personne..."

Je ne partage nullement cet enthousiasme.
La première partie du discours est sans doute remarquable et parfois saisissant . Marine LePen y dresse un état des lieux implacable.
Son analyse et sa condamnation de la "mondialisation" capitaliste, semée de formules chocs, frappe par sa justesse et son ironique rigueur ("au moment où les Chinois abandonnent le vélo pour la voiture, nous abandonnons la voiture pour le vélo").

Malheureusement, dans la deuxième partie du discours, concernant le remède, les tâches, les propositions du Front "Face à ce néo-totalitarisme marchand", tout se gâte, tout se délite, il n'y a plus que des fumerolles idéologiques, du vent...

"Nous refusons tout d’abord de confondre bonheur et plaisir..."
"Nous sommes les défenseurs d’une conception qui replace le « nous » avant le « je ..."
"Notre rôle, comme patriotes, comme nationaux et nationalistes, c’est de faire renaître le rêve de notre civilisation française et européenne.."
Oui oui, charmant, très joli, mais après le rêve, au réveil dans la réalité vigile, que faire?
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Que faire?
Pour résister, pour retourner la situation et nous emparer du pouvoir?
Quelle est la position du front sur la privation de la poste? Faut il soutenir les milliers de petits maires qui s'organisent pour résister?
Faudra-t-il renationaliser EDF, La SNCF ?
Quid des fermetures d'hôpitaux, de maternités?
La France libérée devra-t-elle rompre avec les traités existants, sortir du carcan de l'U.E?

Et face à l'immigration-invasion, qui défigure notre patrie, et qui fournit les troupes plébéiennes utiles à la mondialisation, quelle politique sera mise en oeuvre?
Et la double nationalité, sera t-elle abolie?

Marine LePen cite à l'envie, et avec juste raison, l'immense "théoricien" du nomadisme, de l'« hyper-empire où des hyper-nomades dirigeront un empire hors-sol », Atalli.
Mais ces hyper-nomades, ces coucous, surs d'eux et dominateurs, qui ont bâti leur nid à l'intérieur du nôtre, quelles mesures prophylactiques leur appliquer?
On n'en saura rien....

"Dans cette société, renoncer à réclamer par-dessus tout le droit au bonheur pour soi-même, c’est être inconvenant. Eh bien n’ayons pas peur de l’être ! Nous aimons trop la France pour ne vouloir qu’être heureux !"
Ce discours culpabilisateur-moralisateur chrétien classique à Evian aurait pu tout aussi bien se tenir à Vichy.

Marine maudit le matérialisme capitaliste car les victoires de la technique de l'Empire ont entraîné la victoire du grand capital sur le petit.
Ce "mondialisme "c’est" dit-elle, "le fantôme de l’internationalisme marxiste qui refait surface : même haine de la nation qui est le lieu des compromis sociaux".
Tu parles!
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Décidément le fantôme du manifeste, continue de hanter certains cerveaux de la droite.
C'est du henridelesquenisme grave!
Les mots asexués de « globalisation » ou « mondialisation », signifie que le stade impérialiste du capitalisme, jadis moteur du développement des forces productives, est devenu, en se survivant, facteur de régression et de destruction.
Sa seule issue pour survivre en tant que que classe dominante est d'organiser la désindustrialisation, de remplacer l’industrie par des activités parasitaires, et de détruire les nations historiques.

Quel rapport avec l'internationalisme marxiste?
Et puis d'abord pour être inter-nationaliste il faut bien qu'il y en ait, des nations.
"Droit des peuples à disposer d'eux mêmes" et souveraineté nationale telles étaient les thèses marxiennes.
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Marine en tout cas, ne hait pas la Nation. Au contraire elle la révère. Mais c'est un fantôme de nation, une instance supérieure, placée au dessus de la matière vulgaire et de l'histoire, et protégeant de la crise et de la dictature du capital financier.
C'est l'ombre mythique de la petite bourgeoisie elle même, son idéal, son "rêve".

"Contre le pouvoir dissolvant de l’égoïsme, nous défendons les valeurs collectives, les valeurs de survie, les valeurs de vie",
Les valeurs collectives? Ah, on va exproprier les banques, rétablir les services publics, socialiser une partie de la production?

Que nenni! il s'agit de... "aimer son prochain comme soi-même, je dirai avant soi-même."
On se retient de rire.
Et oui, si la Nation c'est le seul bien, au seuil de la question sociale, de la sainte propriété individuelle, cette philosophie se change en son contraire. L'idée de propriété nationale est une engeance du marxisme!
Tout en divinisant la nation le petit bourgeois ne veut jamais rien lui donner. La propriété individuelle voilà le salut! "Baisser les Chaaaarges!"

D'ailleurs:"Je vous le disais en introduction de cette intervention : notre combat dépasse le cadre politique."
Oui très largement. A tel point qu'il plane dans les nuées, et devient le combat des anges...
Mais qui veut faire l'ange, n'est ce pas?
Félix Niesche

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