Philistine : Monsieur l'abbé, sachez que je suis confuse d'avoir fait rougir vos rares cheveux blancs.
Mais avant que de m'en retourner dans les limbes, pâles et ternes, où l'on flotte en pleurant loin de votre Sainte-Face de carême, de grâce charitable Abbé, accordez cet interviouve métaphysique qui plairait tant à nos âmes alanguies par les bals des pompiers !
O Abbé cédez !
L'abbé : Soit ! Mais, ”Ce que tu as à faire, fais-le vite”. Jean 13, 21-27
Philistine : Monsieur l'abbé :
Qui êtes vous, d'où venez vous, où allez vous ?
L'abbé : Je suis Philippe, Auguste, Barnabé, Tymon de Quimonte. Je viens des œuvres de mon père et du sein de ma mère, et je vais au tombeau.Philistine : Ah ça ! monsieur l'abbé je suis un peu déçue de cette réponse très, disons "matérialiste", sur notre condition en rapport à nos fins dernières, en fait, là, voyez vous! N'avez vous pas une destination plus surnaturelle ?
L'abbé : Je suis poussière et je retournerai à la poussière. C'est ce que le prêtre nous dit le mercredi des cendres : Memento, homo, quod pulvis es, et in pulverem reverteris.
Philistine : Très gai ! En plus ça rappelle de bons souvenirs :
http://petitimmonde.blogspot.fr/2011/03/mercredi-des-cendres.html
L'abbé : Ces petites perles que donne Félix parfois, et passent inaperçues...
Philistine :...dans toute sa verroterie qui brille d'un faux éclat dans les ténèbres.
L'abbé : Femme, il est des Ténèbres d'où nulle lumière ne peut fuir, et « qui éteint tous les flambeaux. »
Philistine : Les troublants «Trous noirs » ! En fait oui, j'ai lu ça un jour chez Le Chat.
L'abbé : Boiriez vous, d'aventure, loin de vos abreuvoirs chéris, quelques une de ces liqueurs fortes « qui font suer » ?
Philistine : Qui font suer ça c'est sur !
Savez vous monsieur l'abbé, que personne ne comprend votre entente cordiale avec Félix, en fait. Qui dans sa tête est athée, ou tâte du paganisme avec son thé ! Némésis, Hécate, Matou-Râ ! Ce Chat que vous appelez fils n'est pas chrétien !
Pour ne rien dire de cette nouveauté, Pareo ! Il se pavane à la plage en Pareo maintenant ?
L'abbé : Flaubert disait : « madame Bovary c'est moi. »
Philistine : ??? Il est temps de tenter d'éclairer un peu Félix par l'abbé...et réciproquement.
On vous confond souvent, m^me Ibara ! C'est comique.
L'abbé : En réalité Ibara voulait peindre deux portraits de notre ami : Félix tel qu'il se montre et Félix tel qu'en lui m^me, plus précisément 'tel qu'en lui même Ibara le pense.' Le mondain et le spirituel, félix qui rit et félix qui pleure, si l'on veut. Et le peintre tenait à appeler le second portrait : le vrai Félix.
Mais ce dernier a trouvé malin de lui demander de l'intituler plutôt : Portrait de l'abbé Tymon de Quimonte. Ce qui fut fait.
Philistine : Pauvre Abbé, si noble, si distingué, sous les traits de cet irréligieux ! Mais pourquoi Ibara lui passe-t-il tous ses caprices ! Incompréhensible l'engouement de ce grand peintre pour ce petit pamphlétaire ! L'hommage de la vertu au vice je présume !
L'abbé : Je crois savoir qu'Ibara apprécie la poésie de Félix Niesche qui lui semble puiser à la même source d'inspiration que la sienne. Il suffit d'ailleurs de lire sur son tableau cet air de douleur ineffable qu'Ibara lui prête, et que je ne lui connais pas, pour comprendre ce que le peintre pense de la vie intérieure profonde de notre ami.
Errare humanum est. Les artistes authentiques ont parfois de ces faiblesses, abusés par leur propre vision.
Philistine : Hi hi hi ! Cette mine accablée, cet air plein de commisération pour le pauvre monde ! En fait c'est dingue la bonté d'Ibara pour Félix ! C'est elle qui l'a peint ! Il lui a m^me envoyé ce tableau, superbe au demeurant, encadré !
Ainsi, chez lui Félix se rengorge en laissant admirer ce portrait retouché, adouci, amélioré, de sa personne !
L'abbé : Retouché, amélioré, femme, vous exagérez ! J'ai vu le tableau, il rayonne littéralement d'une énergie étonnante.
Philistine : En fait monsieur l'abbé, il faut être effectivement femme pour voir certains détails esthétiques. Ce que vous nommez la laideur non significative, et que vous dédaignez. J'ai noté que la bouche aux lèvres minces de Félix, ce coup de serpe, avec son rictus amer, paraît plus pleine, avec un dessin harmonieux. De son regard il a ôté toute ironie et toute dureté, pour ne retenir que cette mélancolie risible !
L'abbé : Bien réelle pourtant ! C'est ainsi qu'Ibara le voit, le ressent ! Le résultat est saisissant.
Philistine : En fait, le premier portrait rendait mieux son air mauvais, teigneux, je trouve. On dirait un démon rouge jailli de cette boîte de pandore des mots qu'il ouvre sans cesse sous nos pas.
L'abbé : Philistine Pandora ! Cette "boîte de Pandore des mots qu'il ouvre sans cesse sous nos pas" est digne de figurer dans un recueil d'anthologie des pataquès. Elle vous élève à la dignité d'un schème paraphernal !
Décidément Félix a raison, qui m'a souvent répété 'Philistine est un cas d'école, si elle n'existait pas il faudrait l'inventer'.
Philistine : Fort aimable à lui, mais quel père créateur aurait eu assez d'orthographe pour écrire mon destin sans fautes ?
L'abbé : « Je ne sais qui écrit mon destin, mais je crains qu’il ne se trompe » disait le Sapeur. Un parent à vous je présume ?
Philistine : Monsieur l'abbé, je ne connais pas de Pompier, même les jours d'incendie.
L'abbé : Quel sans-peur éteindra jamais les sinistres déluges féministes ? L'eau n’éteint pas les inondations.
Philistine Stringulat
L'abbé : Je crois savoir qu'Ibara apprécie la poésie de Félix Niesche qui lui semble puiser à la même source d'inspiration que la sienne. Il suffit d'ailleurs de lire sur son tableau cet air de douleur ineffable qu'Ibara lui prête, et que je ne lui connais pas, pour comprendre ce que le peintre pense de la vie intérieure profonde de notre ami.
Errare humanum est. Les artistes authentiques ont parfois de ces faiblesses, abusés par leur propre vision.
Philistine : Hi hi hi ! Cette mine accablée, cet air plein de commisération pour le pauvre monde ! En fait c'est dingue la bonté d'Ibara pour Félix ! C'est elle qui l'a peint ! Il lui a m^me envoyé ce tableau, superbe au demeurant, encadré !
Ainsi, chez lui Félix se rengorge en laissant admirer ce portrait retouché, adouci, amélioré, de sa personne !
L'abbé : Retouché, amélioré, femme, vous exagérez ! J'ai vu le tableau, il rayonne littéralement d'une énergie étonnante.
Philistine : En fait monsieur l'abbé, il faut être effectivement femme pour voir certains détails esthétiques. Ce que vous nommez la laideur non significative, et que vous dédaignez. J'ai noté que la bouche aux lèvres minces de Félix, ce coup de serpe, avec son rictus amer, paraît plus pleine, avec un dessin harmonieux. De son regard il a ôté toute ironie et toute dureté, pour ne retenir que cette mélancolie risible !
L'abbé : Bien réelle pourtant ! C'est ainsi qu'Ibara le voit, le ressent ! Le résultat est saisissant.
Philistine : En fait, le premier portrait rendait mieux son air mauvais, teigneux, je trouve. On dirait un démon rouge jailli de cette boîte de pandore des mots qu'il ouvre sans cesse sous nos pas.
L'abbé : Philistine Pandora ! Cette "boîte de Pandore des mots qu'il ouvre sans cesse sous nos pas" est digne de figurer dans un recueil d'anthologie des pataquès. Elle vous élève à la dignité d'un schème paraphernal !
Décidément Félix a raison, qui m'a souvent répété 'Philistine est un cas d'école, si elle n'existait pas il faudrait l'inventer'.
Philistine : Fort aimable à lui, mais quel père créateur aurait eu assez d'orthographe pour écrire mon destin sans fautes ?
L'abbé : « Je ne sais qui écrit mon destin, mais je crains qu’il ne se trompe » disait le Sapeur. Un parent à vous je présume ?
Philistine : Monsieur l'abbé, je ne connais pas de Pompier, même les jours d'incendie.
L'abbé : Quel sans-peur éteindra jamais les sinistres déluges féministes ? L'eau n’éteint pas les inondations.
Philistine : En fait je crains que mon génie soit incompris.
L'abbé : Vous croyez ? Mais ce que vous dîtes est parfaitement en accord avec ce qui se dit !
Philistine : Que vous dîtes ! En fait c'est ce que vous pensez que l'on entend penser par toutes les bouches !
L'abbé : Cocotte qui pondez des Coquecigrues ! Qui sont l'Impropriété faite écrivainE.
Philistine : L'Impropriété c'est l'envol !
L'abbé : L'envol de l'esprit qui fiente.
Philistine : Qui vaut mieux que le terre à terre de l'Esprit qui nie !
L'abbé : Par le Salamandre, l’Ondin, le Sylphe et le Lutin ! Qui donc ici est le plus grand négateur ?
Philistine : En fait vous! monsieur l'abbé, sauf le respect.
L'abbé : Oui sans doute, madame, je crois comprendre dans quel sens méphistophélien vous m'imputez cet "esprit qui toujours nie" : car il est vrai que tout ce qui naît (de l'esprit du simio-humain), mérite de périr !
Philistine : En fait je comprends mieux pourquoi on vous confond ! Deux nihilistes finalement.
Philistine : En fait je comprends mieux pourquoi on vous confond ! Deux nihilistes finalement.
L'abbé : Sauf que Félix, avec son anarchisme, poursuit un but politique, terrestre. Au lieu que moi je suis comme ces disciples dont le Seigneur Jésus disait : « Ils ne sont pas du monde, comme moi je ne suis pas du monde» (Jean 17:16).
Vos de deorsum estis, ego de supernis sum; vos de mundo hoc estis, ego non sum de hoc mundo.
Philistine : Amen !
Et voilà ! Un Entretien de bouclé. Digne de figurer dans "les Entretiens" !
Vos de deorsum estis, ego de supernis sum; vos de mundo hoc estis, ego non sum de hoc mundo.
Philistine : Amen !
Et voilà ! Un Entretien de bouclé. Digne de figurer dans "les Entretiens" !
C'est Le Chat dans les fers, qui va soupirer d'aise
Philistine Stringulat
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