jeudi 20 janvier 2011

Otium

La passion qui me tient encore, m’éloigne des choses politiques
Mon tourment actuel (qui consiste autant en son actualité, qu’en la souffrance de me savoir condamné à la perpétuité, à la perpétuelle actualité) n’y est pas pour peu.
Physiquement j'ai l'air d'un cadavre ambulant.
En cette piètre apparence il me semble qu'il y aurait un ridicule redoublé à me mêler d’affaires dont le maniement n‘est aisé qu‘aux « grands » de ce monde immonde.
La consolation : puisque nous ne pouvons les atteindre vengeons nous à en médire, m’a toujours paru décevante.
On pourra m’objecter que dans mon cas, se livrer avec passion aux affaires politiques, c’est le moyen de s’éloigner de soi-même, de quitter son chez soi où il ne fait plus bon vivre.
« Je serai mêlé aux affaires politiques. » Sauvé ?
Mais non, l’incompréhensibilité de mon caractère c’est qu’il me faut en premier lieu, me sentir pénard en mes pénates, pour avoir le goût d’en sortir, tout armé. C’est par la pléthore de mes instincts pacifiques que ma passion de la guerre fleurissait, parce que c’est mon Être-là, mon être au monde, qui était en jeu, nié par la coalition du Nez. Et non des ambitions de boutique.
Qu’est-ce d’autre, la politicaillerie, que des affaires de boutique ?
La sagesse antique vantait l’otium, qui est le repos loin des affaires, particulièrement des affaires politiques.
La négation de l’otium, le nec otium, donnera negotium, d’où l’on tirera ce mot hideux : négociant. Soit l’homme de la boutique.
« Que peut-il sortir d’honorable d’une boutique ? » demande Cicéron « Tout ce qui s’appelle boutique est indigne d’un honnête homme » ajoutera Cépacarré.
Comme disait l’ancien maire de Bordeaux, pas Juppé, ce con, Montaigne : « Mais aux affections qui me distrayent de moy et attachent ailleurs, à celles-là certes m’oppose-je de toute ma force. Mon opinion est qu’il se faut prester à autruy et ne se donner qu’à soy-mesme. »
J’aime mieux thésauriser les maigres ressources qui me restent avec des choses qui sont de ma portée, que de fulminer en vain contre la marche à l’égout du monde.
Je suis ainsi fait, que le dégoût que m’inspire l’imperfection de ma nature, que le mépris que je porte à mon cerveau qui se révèle incapable de se débarrasser d’un infect petit parasite, me fait considérer la putréfaction collective en laquelle nous sommes tous étendus, avec une révolte amoindrie, avec un sentiment voisin du renoncement.
Je citais souvent ce conseil de l’abbé Tymon de Quimonte:
« Enfermez vous, mon fils, dans votre pensée et votre science. Méprisez l’opinion, méprisez la foule.
Soyez le solitaire, construisez une cellule dans votre cœur. »
félix le chat

6 commentaires:

M. Nice Guy a dit…

C'est curieux, la définition que j'avais de l'Otium très différente.

Dans mon esprit l'Otium était l'absence de travail, réservé aux "esclaves". Tâche trop avilissante pour un homme digne de ce nom. Homme qui bénéficiait de ce temps pour s'intéresser à la chose politique, artistique, philosophique,...

Anonyme a dit…

«J'ai signalé il y a quelque quarante ans, comme un phénomène critique dans l'histoire du monde, la disparition de la terre libre, c'est-à-dire l'occupation achevée des territoires par des nations organisées, la suppression des biens qui ne sont à personne. Mais, parallèlement à ce phénomène politique, on constate la disparition du temps libre. L'espace libre et le temps libre ne sont plus que des souvenirs. Le temps libre dont il s'agit n'est pas le loisir, tel qu'on l'entend d'ordinaire. Le loisir apparent existe encore, et même ce loisir apparent se défend et s'organise au moyen de mesures légales et de perfectionnements mécaniques contre la conquête des heures par l'activité. Les journées de travail sont mesurées et ses heures comptées par la loi.

Mais je dis que le loisir intérieur, qui est tout autre chose que le loisir chronométrique, se perd. Nous perdons cette paix essentielle des profondeurs de l'être, cette absence sans prix, pendant laquelle les éléments les plus délicats de la vie se rafraîchissent et se réconfortent, pendant laquelle l'être, en quelque sorte se lave du passé et du futur, de la conscience présente, des obligations suspendues, des attentes embusquées...Point de souci, point de lendemain, point de pression intérieure; mais une sorte de repos dans l'absence, une vacance bienfaisante, qui rend l'esprit à sa liberté propre. Il ne s'occupe alors que de soi-même. Il est délié de ses devoir envers la connaissance pratique et déchargé du soin des choses prochaines; il peut produire des formations pures comme des cristaux.»

PAUL VALÉRY (Conferencia, novembre 1935)
ncf

Anonyme a dit…

Il n'y a personne a convaincre du ridicule...
sinon soi même.


nocif

Anonyme a dit…

L'amour serait que j'éprouve du goût à l'enculer... l'humanité.

NCF

Anonyme a dit…

Discourir des besoin des vermisseaux... à titre posthume.

Ncf

Anonyme a dit…

Désolé... des humeurs passagères de dépit.


Ncf