"L'actualité sociale nous apporte aujourd'hui une coïncidence qui n'a rien d'étrange. D'un côté, le Conseil d'analyse économique va diffuser un nouveau rapport proposant, une fois de plus, de remettre en question le Smic qui freinerait la création d'emplois, au moment précis où l'on apprend sa prochaine augmentation pour cause d'inflation; de l'autre la «mobilisation» d'une quarantaine de patrons, rapportée par Le Monde, en faveur de la régularisation des sans papiers qu'ils emploient. Vous imaginiez les patrons près de leurs sous ? Leur hostilité au Smic démontre qu'ils sont soucieux de défendre leurs intérêts ? Eh bien détrompez-vous, ils peuvent aussi avoir grand cœur et défendre leurs employés. Leur argument ? Leurs sans papiers sont «d'excellents éléments». Ils «ne prennent le travail de personne» puisque les Français «de souche» ne veulent pas de ce genre de job. Cette rhétorique est pourtant parfaitement cohérente : dans les deux cas, il ne s'agit que de «faire jouer la loi du marché» dans le domaine du travail. Les sans-papiers qui travaillent pour presque rien sur nos chantiers ne font qu'anticiper le grand marché mondial du travail auquel aspire la classe patronale. Mais la libre concurrence entre travailleurs ne peut fonctionner que si l'on supprime le taquet du Smic. Plus de frontières, d'accord, mais à conditions qu'il n'y ait plus de lois ! On attend avec intérêt la réaction de Besancenot : les chefs d'entreprise du bâtiment deviendront-ils les compagnons de route du nouveau parti anti-capitaliste que prépare la LCR ? Officiellement, celle-ci pourra toujours défendre le Smic à 1800 euros et l'ouverture des frontières à tous les immigrants. Elle n'a aucune chance de voir le Smic augmenter. Mais sa deuxième revendication fait rêver tous les patrons : pour rapprocher le Smic français du Smic chinois, quoi de mieux qu'un monde sans frontières et sans lois ? " écrit Philippe Cohen dans Marianne.
Sans doute, dans un monde où la Règle est la liberté totale de circulation, pour les capitaux, les trafiquants, les mafieux, les golden boys, les sportifs abrutis et couverts d'argent, les call girls en tout genre, les Robert Ménard de tout poil, les maquereaux de toute obédience, les trafiquants de tout ce que l'on veut ou ne veut pas, on ne voit pas au nom de quoi, ceux qui acceptent cette prémisse pourraient s'opposer à la libre circulation des pauvres types qui cherchent à vendre leur force de travail là ils ont une chance qu'on la leur paye un peu... Et la LCR qui revendique dans Rouge du 10 avril un "SMIC européen" est cohérente avec son sans-papièrisme forcené. Demander à la commission de Bruxelles de fixer les salaires de tous les travailleurs européens, nécessite de mettre à bas les conventions collectives nationales et les statuts nationaux conquis dans chacun des pays européens par la dure lutte des travailleurs de ces mêmes pays.
C'est cela l'essence de "l'alter-mondialisme", l'idéologie dont la Ligue Féministe RRRRévolutionnaire du Joufflu aux yeux de biche chéri des médiats est le fer de lance : entériner la libre circulation des hommes et des capitaux, devenir l'aile d'extrême-gauche, la caution prétendument anti-capitaliste de la mondialisation, valets de la Banque Centrale Européenne, de la dérèglementation et de la destruction des états nationaux...
Félix le Chat.
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