vendredi 3 juin 2016

Sans les transitions

Le loup famélique de la fable ne perd pas son temps à expliquer son être au chien. Il fuit... et sera tué tantôt par le chasseur.

 « Un chien vivant vaut mieux qu'un lion mort » dit l'Ecclésiaste, pour la raison que la mort égalise absolument. Et tant qu'il y a de la vie il y a l'espoir...
Mais ce ne peut être que l'espoir de devenir un bon chien; ou d'avoir beaucoup d'os; un idéal de chien.

Aussi l'orgueil aristocratique fait dire le contraire « Mieux vaut être un lion mort qu'un chien vivant ».
C'est ce que dit Evola. Et ce que dirait Ibara j'imagine.
Ibara aime la Mort, parce qu'il croit dans la pérennité de sa nature.

 Mais l'Ecclésiaste réduit toute espérance et tout orgueil de l'avoir été. Car ajoute t-il « Les vivants, en effet, savent qu'ils mourront; mais les morts ne savent rien, et il n'y a pour eux plus de salaire, puisque leur mémoire est oubliée »
 Cette vision est subjective absolument. Oubli de soi et mémoire oubliée = rien.  Le salut est seulement dans la vie, tant qu'on vit, dans la naturalité vécue. La quoddité  ne résiste pas au néant. Et la quiddité est un concept vide.
Avoir été n'a plus de sens.  Un lion mort ne vaut pas mieux qu'un rat crevé. Un cadavre vaut un cadavre.  Feu Leo n'est absolument plus rien du tout, et l'avoir été se trouve nihilisé par la mort.
On n'est pas un lion mort, on n'est qu'une charogne qui pue.

 Seule l’œuvre peut sembler sauver l'avoir été.
Mais l’œuvre est objet, peut être détruite, falsifiée, signée par un autre, dénaturée, à jamais incomprise.
Est elle la substance de l'auteur cristallisée ? Notre époque qui est la tentative de donner raison à l'Ecclésiaste, répond non. Paradoxalement, ce temps du culte de la Mémoire affirme la nihilisation de l'avoir été.
Cette seconde mort, absolue, c'est la gynécocratie. [Comment ? Pourquoi ? Démontrer! ]
 La gynécocratie donne raison au nihilisme subjectif.

Il faut être métaphysicien pour s'étonner comme Leibniz que "quelque chose existe plutôt que rien".
Ici encore, on dirait que je saute du coq à l'âne, après être passé du lion au chien.
J'ai seulement escamoté la démonstration, pour ne laisser que l'intuition. Voici le cheminement : Dieu seul peut annuler sa création. Mais peut il faire qu'elle n'ait pas été ? S'il ne le peut il n'est pas omnipotent donc dieu n'existe pas. Seul Dieu, l'Être, pourrait annuler l'avoir été. D'un autre côté sans l'Être pas de quiddité... etc., etc.



1 commentaire:

Anonyme a dit…

C'est dans le faire-exister que veille généralisée et veille restreinte ne seront plus deux, car le monde qui vient par la première ne trouvera plus d'obstacle dans la seconde. La veille restreinte ne verra pas d'inconvénient, pour se conduire dans la quotidienneté, à se laisser inspirer par l'ampleur de la veille généralisée. Le faire-exister devient la condition de l'exister dans un corps. Nous n'aurons plus à attendre des jours meilleurs dans une autre vie, puisque nous serons occupés chaque jour à remplir toutes les dimensions de notre espace et toutes les fluctuations de notre temps. Nous pourrons goûter quelque peu ce que les Allemands nomment Gellasenheit, c'est à dire à la fois le calme, le sang-froid et la sérénité. Ni la résurrection des corps ni l'Éternel Retour, mais la prolongation de la vie, en laissant à la mort le soin de venir nous chercher. Pratiquer avec patience la veille paradoxale, c'est aller faire de longues promenades dans les " jardins de longévité ".

François Roustang. Qu'est ce que l'hypnose ?

a.c