Sofia Sakorafa
Rien ne se peut comparer à sa férocité capitaliste si ce n’est notre Traité sur la Stabilité, la Coordination et la Gouvernance, le fameux TSCG dit Super-Maastricht, qui intronise la « Règle d’Or » dans la constitution, c’est-à-dire qui grave dans le marbre de la Loi, l’obligation de l’austérité.
Ces programmes du Talon de Fer, mémorandum et traité, ne sont ni négociables, ni amendables.
Ceux qui disent le contraire, comme monsieur Hollande qui prétend vouloir renégocier Super-Maastricht afin d’y ajouter un « volet de croissance » (de croissance des profits sans doute) trompent, sciemment, les travailleurs.
Cette question centrale est à l’ordre du jour des élections législatives du 17 juin. En effet la Grèce toujours sans gouvernement élu, avec une sorte d’administration technique, devra en repasser par les urnes.
Rappelons que l’ancienne majorité parlementaire autour du PASOK a été rejetée massivement (à plus de 80%) par le peuple, ce qui a conduit à la dissolution du parlement le 6 mai dernier.
L’enjeu de ces élections a grandi à proportion de l’âpreté de la crise sociale. Le mémorandum est la clé de cet enjeu.
Entre les mains de qui ?
De la coalition de la gauche radicale SYRISA dont les mots d’ordre sont : « Dehors le mémorandum, respect de la souveraineté de notre pays ! »
La haine de la Sainte-Alliance FMI, BCE, U.E, marchés financiers, et de tous les gouvernements européens à leur solde, s’est déchainée lorsque Syrisa ( devenu deuxième parti parlementaire) a refusé de participer à un gouvernement « d’Union nationale » avec le parti de la droite ( Nouvelle Démocratie), et l’immonde PASOK, qui regroupe les socialistes locaux (tous les Ayrault, Valls, Moscovici, Sapin, Peillon, Fabius de là-bas ) vomis par les travailleurs.
Union sacrée pour mettre à exécution deux exigences non moins sacrées : rester dans la zone euro et respect du mémorandum, d’un mémorandum renégocié.
Le jour même de l’annonce des nouvelles élections, le 15 mai, Merkel a aboyé : « le Mémorandum DOIT être respecté », quels que soient les résultats et la composition de la nouvelle assemblée.
Aussitôt, le Hollandais flambant, « l’ennemi implacable du monde de la Finance », a jappé à ses basques : « je n’aurai pas de réponse différente de celle de la chancelière[sic] ». [1]
Le 21 mai, Fabius, qui se faisait du mauvais sang pour les Grecs, à peine nommé ministre des Affaires Etrangères à la France, s’est précipité ventre à terre sur les micros pour transfuser à ces braves Greeks ses vœux de les voir « respecter le mémorandum » ! Car « on ne peut pas à la fois vouloir rester dans l’euro et ne faire aucun effort ».
Le dirigeant de Syrisa, Alexis Tsipras, pour l’instant droit dans ses cothurnes, affirme que son parti respectera « le verdict du peuple », qui a refusé les plans d’austérité de la Troïka ; il accuse les dirigeants européens et Mme Merkel « de jouer au poker avec la vie des gens » au profit des banques.
SYRISA s’est fixé trois priorités :
« annulation des mesures de dérégulation du travail récemment votées »
« contrôle public du système bancaire »
« création d’une commission internationale de contrôle de la dette ».
Pour pouvoir mettre en pratique ces résolutions Syrisa cherche des alliances avec les deux autres formations politiques principales de gauche.
Fin de non recevoir immédiate du parti communiste Grec, fidèle en cela à la plus pure tradition stalinienne, puisque la dirigeante du KKE, la Buffet locale, n’a même pas daigné le rencontrer.
L’autre parti principal, qui est d’ailleurs un schisme de SYRISA, exige des assurances sur « le maintien de la Grèce dans la zone euro ! »
À gauche donc, les appareils sabotent déjà la volonté populaire !
Cette division se réfracte à l’intérieur même de Syrisa, entre ceux qui mettent le refus du mémorendum au centre de tout et ceux qui parlent de renégocier afin d’humaniser le méchant libéralisme.
Ainsi sous le faix de la nécessité et l’urgence de l’heure, de réduction en réduction, la contradiction historique entre l’Oligarchie financière et le peuple se réduit à la crise de direction des partis du peuple, pour l’instant aux mains des appareils corrompus des partis de gauche et d’extrême-gauche, contradiction qui se traduit par une lutte politique dans Syrisa même.
Car SYRISA n’est au fond qu’ une coalition très hétéroclite : il y là dedans des maoïstes, des écologistes anti-réchauffement, des décroissants chauds et de froids communistes, du bobos antifâchiste à profusion et plusieurs variétés de trotskystes.
Bref, des gens gouvernés par l’idéologie, et quelques uns par les seuls intérêts matériels de la population.
C’est cette dernière contradiction qu’on peut diagnostiquer à l’intérieur de la cervelle de Sofia Sakorafa, la députée de Syrisa qui a obtenu le plus de suffrages.
Ancienne championne du lancer de javelot, elle fut expulsée du PASOK suite à son vote contre le premier plan d’ajustement. « Je ne pouvais pas rester au sein d’un parti qui a viré à droite et a appliqué une politique néolibérale qui rompt avec sa tradition et son programme ».
Pourtant cette vaillante Hoplite dit tout et son contraire. Elle affirme dans le même temps : « Nous voulons rester dans la zone euro et, en son sein, changer les relations de pouvoir et les politiques néolibérales dures décidées par un cercle réduit de personnalités politiques. » Air connu, l’humanisation du méchant libéralisme, soit la capitulation mélenchonienne classique.
Mais Juste après , elle déclare :
« Demeurer dans la zone euro ne peut signifier sacrifier un peuple, le laisser mourir de faim. La question qui se pose maintenant n’est pas celle de l’euro. Nous luttons pour notre survie. Et si rester dans la zone euro signifie la destruction de la Grèce, nous devrons en sortir. »
La dinde journaliste qui l‘interroge insiste : Selon un sondage [ Quel « sondage » ? ] 78% des Grecs estiment que le gouvernement doit tout faire pour rester dans la zone euro.
Sofia Sakorafa : Je ne comprends pas comment on peut rester dans la zone euro si le prix à payer est un salaire de 200 euros par mois. Mais Syriza ne va pas décider pour le peuple. Si la situation devient à ce point difficile et que nous pensons que le mieux pour la Grèce est d’en sortir, nous demanderons à la population qu’elle se prononce par les urnes.
On voit bien que sa conscience vacille, et son irrésolution personnelle prouve que seule la pression des masses décidera en dernière analyse de la ligne de Syrisa.
Pour le moment, Alexis Tsipras a annoncé qu’un gouvernement mené par son parti « dénoncerait le mémorandum », le protocole d’accord signé avec la Troïka pour la réduction de la dette. « Le mémorandum doit être soit appliqué, soit abrogé. Nous, nous l’abrogerons », a-t-il déclaré fermement.
Et d’enfoncer le clou : « la première décision de notre gouvernement sera d’abroger le mémorandum et les lois qui en découlent ».
Tel est l’enjeu fondamental de ces élections.
Rendez vous donc, le 17 juin : Le peuple Grec confirmera-t-il Syriza pour qu’il soit en mesure de former un gouvernement qui abrogera le mémorandum, premier acte d’insubordination qui sonnera comme un camouflet sur la face bouffie des dirigeants du monde ?
Nous l’espérons, tout en ne perdant pas de vue que sur la balance de la statistique électorale, les voix suraigües de 500 dindes écolos qui veulent « aménager » le mémorandum pour « rester dans l’euro » coûte que coûte, pèsent aussi lourd que celles des 500 ouvriers sidérurgistes de l’usine Hellenic Steel, qui par leur grève implacable de plus de six mois, ont contribué au grand nettoyage du 6 Mai.
Félix Lechat
3 commentaires:
Les schémas sont toujours les mêmes. Dès qu'il s'agit de faire disparaître ce qui déplait, tous les moyens sont trouvés pour agir.
Un gouvernement déplaît et n'est pas dans le conventionnel établi par l'empire, tout est mis en oeuvre pour le déstabiliser et le faire disparaître.
En Grèce, le prétexte, c'est le principe du référendum, peut être initié dans ce but, qui sera la pierre angulaire d'une intervention intérieure probablement, pour réprimer un résultat non souhaité.
Comment croire qu'en Grèce, le référendum est admis et pas chez nous en France.
La Grèce est en pleine évolution, ILS ne veulent pas que cela se change en révolution ou bien pire : en modèle.
L’Espagne n'est pas mal non plus en ce moment. Ce sera peut-être elle le maillot jaune.
P.S. : Après votre note d'humeur, votre note d'humour pour la "chancelière".
Merci pour cette récréation circonvolutive.
Je ne sais pas si ce sont nos informations qui sont mal faites ou moi, mais je n' avais rien compris à cette question hellénistique, tout ceci me semble bien plus clair à présent...Vous ne voudriez pas remplacer Claire Chazal?
Les grecs sont le dernier rempart contre "les dictatures".
Il leur est reproché (par les empapaoutés) de n'avoir pas pu installé de système d'imposition (suçoir) du peuple... Faut pas prendre les grecs pour des connards sauvages.
je forme des prières pour eux, pour qu'ils nous protègent.
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