Le dimanche 1er janvier 1804, l'île de Saint-Domingue devient indépendante au terme d'une longue et meurtrière guerre de libération dirigée par Toussaint-Louverture.
Dans sa maison de retraite de Sainte-Hélène, Napoléon se reprochera amèrement d'avoir cédé au parti des gros colons, en soumettant la colonie de Saint-Domingue par la force. Il admit qu'il aurait été préférable de se contenter de gouverner Saint-Domingue «par l'intermédiaire de Toussaint»:
"J'ai à me reprocher une tentative sur la colonie de Saint-Domingue pendant le Consulat. C'était une grande faute que d'avoir voulu la soumettre par la force. Je devais me contenter de la gouverner par l'intermédiaire de Toussaint [...]. Je n'avais fait que céder à l'opinion du Conseil d'État et à celle de ses ministres, entraînés par les criailleries des colons, qui formaient à Paris un gros parti et qui, de plus, étaient presque tous royalistes et vendus à la cause anglaise."
Toujours la même Histoire...
Mais, ajoutait-il, au sujet de Toussaint Louverture: "Son caractère prêtait peu, il faut le dire, à inspirer une véritable confiance; il était fier, astucieux; nous avons eu fort à nous en plaindre; il fallut toujours d'en défier."
Quoiqu'il en fut, l'ancienne colonie française devint le premier État Noir des temps modernes.
Il adopte pour l'occasion le nom que lui donnaient les Indiens Taïnos avant l'arrivée de Christophe Colomb : Haïti. Ayiti en créole.
Toussaint Louverture fut le héros de cette guerre de libération mais capturé par les troupes françaises avant la fin des combats, il finit ses jours emprisonné dans le fort de Joux dans le Jura. C'est l'un de ses lieutenants, Jean-Jacques Dessalines, qui lui succédera et prendra le pays en main.
Le 22 septembre 1804, ce dernier devint le premier, se nommant lui même "Empereur", l'empereur Jacques 1er.
Après avoir fait massacrer les derniers Blancs restés sur l'île, d'affreuses manières, il mettra au point, déjà, bien avant Duvalier, une de ces tyrannies ubuesque, qui sont le charme très particulier des contrées bananières émancipées
Lors de son accession à l'indépendance Haïti était encore la partie la plus riche, la plus puissante et la plus peuplée de l'île d'Hispaniola, mais très rapidement le régime du frère Jacques I va la réduire à l'état de loque économique.
Voici les principaux extraits de la proclamation d'indépendance de la Repiblik d'Ayiti par le Général en chef Dessalines :
"Citoyens,
Ce n'est pas assez d'avoir expulsé de votre pays les barbares qui l'ont ensanglanté depuis deux siècles.... il faut ravir au gouvernement inhumain qui tient depuis longtemps nos esprits dans la torpeur la plus humiliante, tout espoir de nous réasservir, il faut enfin vivre indépendants ou mourir.
[...]le nom français lugubre encore nos contrées.
Tout y retrace le souvenir des cruautés de ce peuple barbare : nos lois, nos mœurs, nos villes, tout encore porte l'empreinte française ; que dis-je ? il existe des Français dans notre île, et vous vous croyez libres et indépendants de cette République
[...]
Qu'avons-nous de commun avec ce peuple bourreau ? Sa cruauté comparée à notre patiente modération, sa couleur à la nôtre, l'étendue des mers qui nous séparent, notre climat vengeur, nous disent assez qu'ils ne sont pas nos frères, qu'ils ne le deviendront jamais, et que s'ils trouvent un asile parmi nous, ils seront encore les machinateurs de nos troubles et de nos divisions.
Qu'ils frémissent en abordant nos côtes, sinon par le souvenir des cruautés qu'ils y ont exercées, au moins par la résolution terrible que nous allons prendre de dévouer à la mort quiconque né français souillerait de son pied sacrilège le territoire de la liberté.
[...]
Paix à nos voisins ; mais anathème au nom français, haine éternelle à la France : voilà notre cri.."
C'est votre dernier cri ?
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On notera que cette proclamation est dans la langue honnie, le français, même si la totalité de la population parlait ce charmant sabir que l'on appelle le créole.
Il faudra attendre 1964! pour qu'une nouvelle constitution fasse, pour la première fois, une mention du créole:
Article 35:
"Le français est la langue officielle. Son emploi est obligatoire dans les services publics. Néanmoins, la loi détermine les cas et conditions dans lesquels l'usage du créole est permis et même recommandé pour la sauvegarde des intérêts matériels et moraux des citoyens qui ne connaissent pas suffisamment la langue française."
C'est la Constitution de mars 1987 (!) qui rendra le français ET le créole, toutes deux, à égalité, langues officielles.
Article 5
1) Tous les Haïtiens sont unis par une langue commune: le créole.
2) Le créole et le français sont les langues officielles de la République
Nimewo 5
1) Sèl lang ki simante tout Ayisyen ansanm, se lang kreyòl.
2) Kreyòl ak franse, se lang ofisyèl Repiblik d Ayiti.
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Comment dit on: vous nous haïssiez j'en suis fort aise, et bien crevez maintenant, en créole ?
félix le chat
samedi 23 janvier 2010
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3 commentaires:
Louis XV a échangé la Nouvelle France et les comptoirs de l'Inde contre le droit de conserver cette formidable île à sucre.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Quelques_arpents_de_neige
http://fr.wikipedia.org/wiki/Joseph_Fran%C3%A7ois_Dupleix
http://fr.wikipedia.org/wiki/Joseph_François_Dupleix
je tiens à signaler un petit erratum. En effet, le Chateau de Joux est non pas dans le Jura mais dans le Doubs. Etant Franc-Comtois, il me semblait normal de souligner cette erreur. Très bon article.
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