vendredi 4 octobre 2013

Meurtre d'un rappeur antifa


Le Léviathan de Hobbes par Doré.

Argument
La Grèce, la grève.
Hôpitaux, ports, impôts, écoles, collectivités locales... ! Les syndicats pourris avaient de plus en plus de mal à saboter les grèves ou à les dévoyer. Dans les hautes sphères le spectre de la grève générale insurrectionnelle hantait les grosses poires hellènes.
Soudain un membre d’Aube Dorée tue un rappeur, Pavlos Fyssas. Fissa ! Quelle aubaine : dès l’aube, le lendemain le gouvernement rétiaire procède à « un spectaculaire coup de filet » dans l’aquarium néo-nazi. Beaucoup de menu fretin mais aussi des gros poissons : dix-huit députés et le führer du parti Nikos Michaloliakis sont sous les verrous. Chef d’inculpation : « association de malfaiteurs. »
Mobilisation extraordinaire. C’est l’union sacrée de la Démocratie contre le Fascisme-assasssin. Enterrée la lutte de classes ! Capitalistes, ouvriers, chômeurs, tous unis contre l’ennemi commun. On n’entend plus, ou presque plus, parler du FMI, des plans sociaux meurtriers de la Troïka, mais de la Montée du Fascisme !
Désormais la descente antifasciste des fascistes domine tout.
Et dans cette perspective le Front de Gauche Grec, SYRISA, fait des offres de service. Reçues cinq sur cinq par la Troïka.
Meurtre d'un rappeur antifasciste

Tout d'abord il conviendrait d'être sûr qu'il a bien été assassiné parce qu'il était antifasciste et non parce qu'il était rappeur. En soi, ce n'est pas du tout la même chose. Même si les aversions sonores ont une bonne part dans le goût des vieilleries politiques. Ailleurs, les tintamarres ténébreux appellent l'Aube silencieuse (et le silence est doré).
Mais la reductio ad silentium d'un Rappeur ne saurait être réduite ad hitlerum. Elle peut être tout autant l’œuvre d'un Silencieux que d'un mélomane amateur de marches militaires allemandes.
Si un philosophe a pu dire que «sans la musique la vie serait une erreur», avec le Rap elle devient une horreur. Et dans notre monde de branleurs tout le monde ne devient pas sourd.

(Socialement parlant, la dialectique est la suivante.
Le Chômage, fléau des classes travailleuses, et le Travail, honni des classes qui rappent, font du Rap la plaie des classes qui chôment. Ex→ Une voiture allemande de 250 000 euros fonçant à tombeau ouvert, l'autoradio bluetooth android beuglant du Rap à fond la caisse, est une véritable agression antifasciste pour le chômeur vautré sur le trottoir, et qui ne s'entend plus mendier.
Sait-on que certains frères de ces automobilistes mélomanes, barbes noires et tabliers de boucher, partis en Syrie en saigner, entre deux mantras coraniques, s'excitent aussi avec des scansions rappeuses ?)

Soyons fous, soyons Fas

Quoi qu’il en soit, tuer un rappeur antifa est un geste parfaitement déraisonnable : l’extinction d’un seul rappeur n’éteindra pas l’Espèce rappante. Et un antifa refroidi, loin de diminuer l’ardeur antifa, la réchauffe.
Nous en savons quelque-chose nous autres, d’ex-France, avec l’affaire Esteban, Fa prisonnier politique. Car si en Grèce ils ont des fascistes, nous en France on a les Fas. Ne pas confondre.
- Le fa est au fasciste, ce que le chat est au chat-tigre, la chatte à la hairy-pussy-riot, le chiot de garde à la chiennerie femen. Une pâle épilation, un succédané, et même une contrefaçon.
En Grèce ce sont d’authentiques marathoniens fascistes qui marchent, jambe alerte et bras tendu, purs et durs. Là bas Aube se lève parée de belles couleurs rouges et brunes toutes dorées.
Gros Media n’a de cesse de mettre en avant ses liens symboliques avec feus les nazis. Pourtant sa filiation réelle est d’abord avec le régime des colonels grecs, régime pro-américain, épaulé par la CIA.
Les Colonels c’était plutôt du Pinochet avant la lettre, voyez vous.
Aujourd’hui encore des secteurs entiers de l’armée, mais aussi de la Police, sympathisent avec Aube, jusqu’au soir inclus.
Pourriez vous décemment imaginer nos fliquettes antiracistes, nos francs-gendarmes guyanais, nos commissaire fils de Veuve, sympathiser ici avec nos Fas ? Songez au bien-nommé Granomort, glorieux flic français !

« L’Aube, exaltée ainsi qu’un peuple de colombe » 

Or donc depuis quelques temps Aube recevait, sonnant et trébuchant, les dons dorés d’une fraction de la classe dirigeante hellénique. Même ce que les journalistes nomment l’establishment politique, l’a discrètement soutenue, afin d’en faire si besoin une alternative à l’anticapitalisme de plus en plus radical de la jeunesse révoltée et de la classe ouvrière. Aube disposait d’ailleurs d’unités paramilitaires entraînées par l’armée. Ainsi en fonction des besoins du moment, les gouvernements au service de la Troïka, peuvent décider à leur gré de mettre les fascistes en avant, ou derrière les barreaux.
Il semble clair pour tout le monde que l’option fasciste classique, car la Grèce est un des derniers pays où pour des raisons historiques les plus riches auraient pu tenter de sauver leur peau en remettant le pouvoir à une variété de fascisme, soit périmée. Pour deux raisons. Étroitement enlacées.
- Primo, parce que les plus riches majoritairement Grecs, ne pèsent rien en face des beaucoup plus riches, majoritairement non-Grecs.
- Secondo, alors qu’on attendait d’Aube d’adorer l’Or, le Veau d’Or et son Maître, Aube dorait la pilule plutôt aux hellènes de souche.
Pire encore, Aube contestait la Vérité Officielle sur l’Holocauste !
Décidément nazis ou néo-nazis c’est blanc bonnet et beau nez blanc.
La Domination ne veut plus jamais voir se lever cette Aube nationaliste là. Car avec sa violence, son farouche ostracisme à la Xénophon, ses liens passés avec les vieux colonels, la jeune Aube voulait sincèrement une renaissance grecque.
Et ça c’est terminé.  
L’heure est au Crépuscule.
À la décomposition. Des peuples, des nations.
SYRIZA fait risette à Troïka.
Un parti bien crépusculaire, bien décomposé, c’est la Coalition de la Gauche qui se dit elle-mêmeradicale SYRIZA. Une sorte de front de gauche local, aussi pourri.
J’avais moi même cultivé quelques illusions sur ce ramas hétéroclite de petits-bourgeois « intransigeants. » C’est d’avoir vu un de ses dirigeants vautré à la tribune d’un meeting internationaliste, organisé par le POI, le 3 juin 2012 à Paris.
« Non au memorandum ! » qu’il gueulait cet hypocrite. Le memorandum ils s’en foutaient bien. (Et le POI qui leur servait la soupe.)

Dès le décès du rappeur, SYRIZA a immédiatement répondu présent à l’Antifascisme institutionnel, en se plaçant immédiatement en rangs serrés derrière le gouvernement, qui rit sous cape.
Par la voix de son dirigeant Alexis Tsipras Syriza prône l’alliance avec Nouvelle Démocratie, le parti bourgeois pro-américain, contre le Fascisme.
De la sorte il apporte insidieusement son appui aux mesures d’austérité brutales visant la population laborieuse. Bien entendu le parti communiste grec, le KKE, fidèle à sa tradition stalinienne, lui emboîte le pas.

Dans la situation pré-insurrectionnelle grecque, SYRIZA est donc jugée plus utile qu’Aube Dorée. L’antifascisme bien meilleur que le fascisme, pour dévoyer la colère des masses, feindre leur parti, tout en soutenant en pratique les mesures d’austérité et de paiement de la dette aux banques.
Rien de mieux pour tout pourrir que le choix de Syriza et de l’immigration, donc d’une nouvelle législation dite antiraciste qui va museler et détourner la haine de classe en haine de race.
Gageons qu’à ce moment là, Aube aura encore un rôle à jouer.

D’ores et déjà, Alexis Tsipras le dirigeant de SYRIZA a été mandé à Francfort pour rencontrer les dirigeants de la Banque Centrale Européenne.
Comme les autres gauchistes partout ailleurs, les gens de Syriza sont de véritables "en.... "
Et en cette matière, les grecs n’ont pas de leçons à recevoir des autres nations.
Félix

15 commentaires:

greyeen a dit…

J aime beaucoup le fond de vos écrits. Mais j'ai parfois des incompréhensions quant à leurs formes trop alambiquées selon moi. Peut-être gagnerez-vous plus d'impact en étant plus direct. Céline était le meilleur à ça: Jouer sa "mélodie" en étant le plus concis possible.
Bon courage pour la suite.

Aldébaran a dit…

L'hydre est ! et joue sur les deux tableaux ... mise en lumière d'un bel éclat ! Merci Félix.
@ Greyeen, si j'ai ressenti comme vous, du Céline dans Félix, Céline était plus gouailleur et plus populaire dans son verbe, on sent surtout chez Félix, le latiniste, une influence, celle de l'abbé sans doute ...

Anonyme a dit…

Au risque d’être moins explicite que l’exige la remarque du premier commentant. Je dirais que c’est un bon éclairage sur les courants transmutants d’une actualité qui ne se réactualise pas ou le fait sur une base de schémas établis auxquels tout doit être conforme comme si les moutons des années 30 et 40 sont les mêmes moutons des années 2000 et 2010. Et pourtant, ils n’ont pas brouté dans les mêmes pâturages qui étaient très riches, gras et variés à l’époque des années 30 et 40 qu’ils ne le sont en ces temps-ci. Ils n’ont pas aussi été élevés dans les mêmes enclos. Pendant les années 30 et 40, ils étaient très aérés, spacieux mais avec peu de commodités et de moyens. En ces temps-ci, les enclos ne sont en rien comparables aux anciens. Tout a changé et les projections des époques les unes sur les autres ne peuvent être que pure arnaque du type professionnel. Le scarabée

esprit-i-monde a dit…

Je dirais qu'il serait dommage que l'abbé modifie son alambique qui présente l'avantage de laisser de nombreuses portes ouvertes tout en apportant les lueurs de sa belle torche.
Quant à Céline, très nombreux sont ceux qui l'ont pâlement imité, s'en sont inspirés, pour en tirer profit le plus souvent, et en se gardant bien de le
crier sur les toits.
Je savais depuis très longtemps que seul les grecs seraient capables de révolte et de montrer l'exemple... car ils ont une forte capacité d'analyse, réaliste et relativiste des implications politiques internationales (sans doute le backgammon)... plus subtile que la moyenne. C'est pour cela qu'ils ont été attaqué en premier par les banques.... fallait les amoindrir, les affaiblir, donner le ton, l'exemple au plus vite au reste de l'Europe, des veaux.

esprit-i-monde a dit…

"Les grecs ne vivent pas pour travailler, ils vivent pour avoir "le plus de liberté possible à l'inverse des naïfs qui se font péter les cols de chemise et veulent payer des taxes-jacking"

orfeenix a dit…

Rien à dire ni sur le fond ni sur la forme, c' est de l' excellente mort-au-rap!

L'abbé Tymon de Quimonte a dit…

Alambiquer = distiller à l'alambic. Pour moi c'est souvent dans l'Athanor de ma haine.
Mais je reconnais volontiers que j'ai choisi certains alambiquements inutiles tel ce :
"Car si en Grèce ils ont des fascistes, nous en France on a les Fas. Ne pas confondre.
Le fa est au fasciste, ce que le chat est au chat-tigre, la chatte à la hairy-pussy, le chiot de garde à chiennerie femen. Une pâle épilation, un succédané, et même une contrefaçon."
Qui aurait dû se simplifier :
"Les fa en France ne sont qu'une pâle imitation des fascistes de Grèce."
Le journalisme y aurait gagné ce que la satire y perdait.

J'avais bien prévu ce mécontentement de certains lecteurs, car sur le site E&R où j'ai publié ce texte :
http://www.egaliteetreconciliation.fr/Meurtre-d-un-rappeur-hellene-20540.html

je l'ai préludé d'un court résumé "plus direct' sans fioritures, suivi de cet avertissement :
"Les promeneurs solitaires pourront toujours continuer la lecture, mais d’une manière générale les excursionnistes pressés s’exempteront de l’excursus interminable, inutile et parfaitement inadmissible, qui suit."
Voyez vous.

-Sinon mes colonnes vous sont ouvertes, et vous pouvez toujours réécrire tout le texte vous -m^me, "en étant plus direct"
Mais méfies toi, Horatio : "Il y a plus de choses dans mes écrits que n'en rêve votre philosophie"

Anonyme a dit…

Puisque le débat est enclenché sur la clarté et l’opacité d’un texte, il me semble bon d’apporter un peu de mon sel et de ma farine pour la pâte commune servant à la fabrication du pain de l’esprit. Commençons par préciser, que ce qui est clair, nous est clair non pas par sa simplicité et encore moins par son dépouillement, mais par sa réponse à nos attentes qui peuvent être de différents ordres cimentés par nos acquis constitués d’un agglomérât de savoir, d’on-dit et surtout d’imprécis admis non en tant que tels mais comme chargés d’une haute teneur en précision par la force des choses et par les promiscuités idéologiques dont on baigne et qui sont de véritables bordels de l’esprit autant que le sont les autres bordels comme déversoirs des insatisfactions, des dérèglements et des frustrations en tous genres. Des nécessités sociétales ou de la vie en société et ses exigences au moins à un semblant d’harmonie, une lutte entre le savoir et le reste des idées est née. Si le savoir repose sur l’articulé et le différencié avant de se constituer en structure, ne peut être savoir d’un quelconque mérite que par sa capacité à entrevoir et à définir le cadre de ses limites qui est sa force et sa faiblesse au même temps. D’où la différence de transmission entre le savoir et les autres idées, l’un se fait par un savoir-procédé et les autres par affrontement et suggestions. S’il n’y a pas de membrane étanche entre les deux pour une distinction nette sur tous les plans, il est bon d’emprunter au savoir sa sagesse qui fait siens les doutes, les ouvertures pour sa propre remise en cause et la prudence dans ses affirmations. Mais cela ne peut se faire sans une opacité apparente ne convenant pas du tout à beaucoup d’esprit animé par les besoins de la bête en nous qui fait des idées des simples ponts pour les atteindre et les satisfaire. C’est ces ponts que beaucoup nomment la clarté. Un discours clair n’est souvent qu’une fourchette, une cuillère, un couteau, un plat, un bifteck, etc.… Ajoutons que Le savoir, dans les lieus d’obscurité dense, les no man’s lands, les capharnaüms et les abimes de l’âme et de l’esprit, n’a que le style comme moyen de s’en sortir pour l’attaque comme pour la défense à moins de vouloir tout foutre en l’air, cas qui se conçoit mais ne se défend pas.
Le scarabée.

esprit-i-monde a dit…

Il me faut quelques fois humer à plusieurs reprises tes articles cher abbé, pour en capter toutes les subtilités et faire coïncider mon alambic avec le tiens... quitter mes mocassins et oser emprunter les tiens.

La plupart des lecteurs apprécient le plus les écrits dans lesquels ils se retrouvent?.. à quoi bon... s'y retrouver?

esprit-i-monde a dit…

Et puis... peu importe la forme, ce qui compte est la qualité homéopathique de l'ouvrage... l'interligne.

esprit-i-monde a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
esprit-i-monde a dit…

Cher Scarabéé,

Tu me rappelles un truc: ( jeune)Je demandais souvent aux gens que je croisais, s"ils croyaient avoir une âme.
Souvent, très sûr d'eux, ils me répondaient que non.
Je leur proposais faisant fissa de me la vendre pour le franc symbolique et je leur rédigeais un reçu.
... Dès le lendemain, très agités, pris d'essoufflement, ils me rappelaient pour la récupérer de toute urgence!

esprit-i-monde a dit…

... c'est à croire que par commodité ils préfèrent la perdre (se faire mettre) que de manière tacite.

esprit-i-monde a dit…

Mais surtout ne perdez jamais de vue ceci:

Avant l’avènement de la télévision et des autres méthodes modernes de contrôle des esprits, les dirigeants du monde s’appuyaient principalement sur la religion pour contrôler les masses. N’oubliez jamais cette maxime : « Lorsque les portes de l’esprit sont ouvertes à une prémisse irrationnelle, les barrières qu’elles opposent à l’absurde sont brisées. »



Shumule

esprit-i-monde a dit…

je vous invite à visionner ceci... jusqu'au bout (+- 2 hrs) en taisant votre savoir précédent:

https://www.youtube.com/watch?v=hYFrf3LxB_s&feature=player_embedded