dimanche 2 juillet 2017

V, W ...

L'annonce officielle du décès de la grosse, déjà morte depuis longtemps, m'a remémoré la Grande :



 « Dieu a fait à Moïse et à Josué des promesses purement temporelles à une époque où l’Egypte était tendue vers le salut éternel de l’âme. Les Hébreux, ayant refusé la révélation égyptienne, ont eu le Dieu qu’ils méritaient : un Dieu charnel et collectif qui n’a parlé jusqu’à l’exil à l’âme de personne (à moins que, dans les Psaumes) ?…

Parmi les personnages des récits de l’Ancien Testament, Abel, Enoch, Noé, Melchisédech, Job, Daniel seuls sont purs.
Il n’est pas étonnant qu’un peuple d’esclaves fugitifs, conquérants d’une terre paradisiaque aménagée par des civilisations au labeur desquelles ils n’avaient eu aucune part et qu’ils détruisirent par des massacres — qu’un tel peuple n’ait pu donner grand-chose de bon. Parler de « Dieu éducateur » au sujet de ce peuple est une atroce plaisanterie.

Rien d’étonnant qu’il y ait tant de mal dans une civilisation — la nôtre — viciée à sa base et dans son inspiration même par cet affreux mensonge.
La malédiction d’Israël pèse sur la chrétienté. Les atrocités, l’Inquisition, les exterminations d’hérétiques et d’infidèles, c’était Israël. Le capitalisme, c’était Israël, notamment chez ses pires ennemis.

Il ne peut y avoir de contact « personnel » entre l’homme et Dieu que par la personne du Médiateur. En dehors du Médiateur, la présence de Dieu à l’homme ne peut être que collective, nationale. Israël a simultanément choisi le Dieu national et refusé le Médiateur ; il a peut-être tendu de temps à autre au véritable monothéisme, mais toujours il retombait, et ne pouvait pas ne pas retomber, au Dieu de tribu. »

Simone Weil. La pesanteur et la Grâce


1 commentaire:

Anonyme a dit…

Bonsoir Mr Niesche,

Content de voir de nouveau un article de votre part. J'ai failli croire un instant que vous aviez abandonné totalement la politique vu les résultats grandiloquents des dernières élections présidentielles et législatives. Ayant découvert une bibliothèque près de chez moi avec des livres de S. Weil (la vraie, pas la grosse comme vous dites), vous m'avez convaincu de les lire et donc de me les procurer.
Sur ce -Je ne sais si vous allez alimenter votre blog cet été- bonnes vacances. Que Dieu vous garde.

Frederoc