samedi 10 juillet 2010

Popieluszko

Or donc, le 6 juin dernier, Jerzy Popieluszko, le jeune prêtre de Varsovie, le petit curé de Solidarnosc, assassiné le 19 octobre 1984, à l’âge de 37 ans, par les reîtres de Jaruzelski, a été en grande pompe béatifié.
Lors d’une grand-messe solennelle, devant près de 200 000 fidèles, retransmise à la télévision et concélébrée par une centaine d’évêques autour de Mgr Angelo Amato, envoyé spécial du pape Benoît XVI, l'actuel Primat de Pologne, Monseigneur Kazimierz Nycz a déclaré : «C’est un grand jour pour l’Eglise de Pologne et pour notre patrie tout entière» .
Benoît Seize a rendu, lui aussi, un vibrant hommage au petit prêtre Popieluszko, à Chypre, en « l’heureuse occasion » de sa béatification, soulignant que « son service passionné et son martyre sont un signe spécial de la victoire du bien sur le mal ».  Bien.
«Puisse son exemple et son intercession nourrir le zèle des prêtres et enflammer d’amour les croyants », a ajouté le Pontifex maximus, en polonais, à l’issue d’une autre messe, célébrée cette fois dans un centre sportif dans la banlieue de Nicosie.
Des reliques du prêtre martyrisé ont été promenées à travers tout Varsovie pour être ensuite déposées au "Temple de la Providence Divine", une énorme "église" en construction dans le quartier de Wilanow, à 12 km de la place Pilsudski.
"Temple de la Providence", voila qui sent son Œcumène du Démiurge à plein nez. Le grand Archonte de notre Eon maudit. Passons.

D'habitude la preuve d'un miracle est requise pour être béatifié et ainsi devenir Bienheureux. Sauf si l'impétrant est déclaré martyr.
Et ce fut ici le cas. Le jeune prêtre-ouvrier, fut atrocement torturé avant d'être jeté dans les eaux de la Vistule par ses ravisseurs, trois officiers de la police politique du régime.
En revanche, pour être canonisé et devenir Saint, un vrai miracle devra cette fois lui être attribué par la Congrégation pour la Cause des Saints qui instruit ce genre de dossiers au Vatican.
-Pourtant, à l’époque de sa mort, le Père Popieluszko n’était pas en odeur de sainteté dans l'Eglise de Pologne.

Rappel.
En août 1980, une puissante grève générale en Pologne donne naissance au syndicat Solidarnosc.
Face aux ouvriers le régime aux abois chercha toute de suite un appui dans l’Église. Et il le trouvera. En échange, les biens ecclésiastiques confisqués, furent restitués. Durant toute l'année 1983, l'Église va négocier avec le Régime stalinien un régime fiscal privilégié, pour son "fonds d'aide à l'agriculture privé" .
Les deux partis, le rouge et le noir, voyaient d’un très mauvais œil, le développement de ce syndicat indépendant des ouvriers : Solidarnosc.
En ce temps là, à Varsovie, le petit curé, aumônier des gigantesques aciéries de Huta Warszawa, était aimé et respecté par les ouvriers dont il partageait les conditions de vie et dont il défendait âprement les intérêts.
Ce qui eût l'heur de déplaire, souverainement, tant aux gangsters staliniens qu’aux prélats de l’Église, c'est que contre les consignes de sa hiérarchie, Popieluszko soutiendra l’appel de Solidarnosc à boycotter les élections municipales.
Monseigneur Glemp, Primat et chef de l’Église fut chargé de tancer le prêtre-ouvrier récalcitrant et de le remettre sur le droit chemin de la vertu ecclésiale cardinale : le service de l'Ordre des puissants de ce monde.
À plusieurs reprises il le convoquera et tentera de le faire plier.
Après l’assassinat du jeune aumônier on retrouva son Carnet Noir, dans lequel il relatait une entrevue avec le cardinal Glemp.  Extrait : « Je suis allé au séminaire. J’y ai rencontré sur le pas de la porte son excellence le Primat. Nous sommes entrés dans une petite pièce.
Ce que j’ai pu entendre dépasse les pires pressentiments. Lors de ces interrogatoires, la police du régime m’a montré plus de respect. »

Je n’y étais pas, mais me figure les entendre :
- Qui t’a nourri, vêtu, instruit, qui a auréolé ton front ?
- L’Église, ma mère.
- Qu’est-ce que ces misérables qui désobéissent aux consignes et fomentent un socialisme pire encore que l'actuel ?
- Solidarnosc, mes frères .
- Tu es d’Église d’abord. Tu lui dois tout, notamment ton prestige auprès des travailleurs.
- Ils sont mes frères, ils ont faim et travaillent dur.
- L’Église est notre Mère à tous ! Elle sait ce qui est bon pour les Pauvres. Tu es d'Église d'abord, tu dois obéir, sinon !
Popieluszko n’obéit pas.
Peu de temps après on le retrouva, disloqué, le corps couvert de cloques et de pustules, les os brisés, y compris les rotules, descendant, pensif, la Vistule.
Un Lèche-Vatican lui succédera.

L’abbé Tymon de Quimonte.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Victime ayant subi un martyre, oui ; martyr, non car ce n'est pas pour sa foi que Popielusco est mort. Sa fin indique plutôt qu'il était sorti symboliquement de la masse des esclaves halucinés de superstition, abusés autant par Savonarole que Glemp.

Anonyme a dit…

Popielus m'a mis KO : j'ai oublié la deuxième aile des anges Allo Ciné. Diables de Polaks !

Anonyme a dit…

Fût un temps appelé "le siècle des lumières" d'où partit "l'évènement" de 1789, nous dit-on...peut-être nous a-t-on menti? Peut-être la lumière aveugle t-elle(Pour plagier mon cher esprit-i-monde), au point que très peu lèvent la tête pour faire face à la vérité vraie? ;-). Fol2

Anonyme a dit…

Martyr du catholicisme polonais .Il doit surement exister une chanson à sa mémoire .Un peu comme "Hochst Wessel lied".