dimanche 1 mai 2011

Fourmies 1er Mai 1891

"...Toute l'armée était mobilisée. Les sabres pouvaient fendre les têtes, les fusils tuer, pour écraser la manifestation du 1er mai. Le danger devait être bien grand, si l'on avait besoin d'un tel déplacement de forces pour sauver la société. La police avait reçu l'ordre de disloquer les manifestations et de provoquer la foule. La gendarmerie et l'armée devaient faire usage de leurs armes au moindre signal de résistance. A Marseille, Clichy, Lyon, Saint-Quentin, Charleville, Bordeaux, Nantes, presque partout où des ouvriers manifestaient publiquement, portaient à la mairie ou à la préfecture leurs revendications de la journée de 8 heures et une législation du travail, ils furent brutalement assaillis, chargés sauvagement par la gendarmerie et la police. La foule répondit par des cris, les coups de sifflets, dans maintes localités, et aussi par des jets de pierres et des coups de revolver.

 À Fourmies, la force armée est intervenue avec une cruauté inouïe. Les groupes du parti ouvrier de la localité avaient décidé à l'unanimité, dans une assemblée générale, le 20 avril, de fêter le 1er mai et de faire savoir aux fabricants qu'ils cesseraient le travail, ce jour-là. Les industriels de la région, groupés dans un syndicat, décidèrent dans une réunion et affichèrent qu'au 1er mai, les ouvriers absents des ateliers seraient licenciés.
Ils avaient espéré épouvanter les ouvriers, mais ils ne purent que les exaspérer. Les plus indifférents furent pris de rage à cette menace qui les poussait à une cessation générale du travail. La quantité d'ouvriers qui ont été le 1er mai au travail fut si infime, que les fabricants durent les renvoyer chez eux.
Les ateliers se vidaient, les rues et places regorgeaient d'ouvriers en habits de fête, qui se réjouissaient du magnifique rayon de soleil. Jamais on n'avait vu circuler autant de monde. Devant une filature, il y avait un rassemblement; on y avait vu entrer des ouvriers et on saluait les jaunes de coups de sifflets et de cris de lâches et de traîtres.

Ce fut le prétexte cherché pour l'intervention de la force armée. La gendarmerie attaqua la foule et procéda à de nombreuses arrestations. L'après-midi, arriva une troupe de jeunes gens, de femmes et d'enfants, en chantant sur cette même place et exigeant la libération des emprisonnés. Alors, les soldats, sans avoir été provoqués par la foule, sans avoir fait les trois sommations réglementaires, tirèrent. La boucherie aurait duré encore longtemps si le curé catholique Margerin, n'était pas sorti de la maison et n'avait pas crié : " Assez de victimes ".
Neuf enfants étaient couchés sur la place, un homme de 30 ans, 2 jeunes gens de 20 ans, 2 enfants de 11 et 12 ans et quatre jeunes filles de 17 à 20 ans.

Une de ces dernières tenait un rameau dans la main, elle accompagnait son fiancé, portant un chapeau qui fut traversé par une balle. C'était la première fois que le fusil Lebel et la poudre sans fumée étaient essayés, et les deux avaient fait merveille. "
Paul Lafargue

3 commentaires:

Danny a dit…

Une autre voie:

MONTBELIARD 1891 :

Pour les Bonnot, depuis d'innombrables générations, espérance était un mot sans signification. "La misère, pensait Jules en continuant courbé, est une marque au fer rouge qu'on porte toute la vie." A quinze ans, il ne savait pas encore clairement comment on aurait pu l'effacer, mais il sentait qu'il devait y avoir un moyen. Plus tard, il allait décider qu'il ne pouvait faire disparaître cette marque qu'en la brûlant avec un autre fer rouge.

Pino Cacucci, En tout cas pas de remords, 1994.

Je n'ai jamais pensé que la même chose, tout le reste n'est que reptation.

Anonyme a dit…

La réelle ou apparente légitimité soumet un individu ou un groupe à sa volonté en annihilant son jugement et sa responsabilité.
Stanley MILGRAM l'a bien démontré.

Anonyme a dit…

Cerises d'amour aux robes pareilles
Tombant sous la feuille en gouttes de sang...